En faisant appel à des méthodes émergentes dont l’objectif est d’apporter le mieux possible les phénomènes du Bien-Être et de souffrance au Travail à travers les représentations subjectives des acteurs et actrices de l’entreprise, Damien Richard a réalisé une recherche-action dans le cadre d’un travail de thèse sur l’intérêt des espaces de discussion au sein des organisations.

Simpl’eat, membre du collectif ADERE, améliore l’espace déjeuner dans les entreprises

Sujet que je vous propose d’aborder au travers de cet article qui vient alimenter le prochain Meetup ADERE sur la « digitale détox ».

Ce travail doctoral s’inscrit dans le cadre des sciences de gestion à la croisée de plusieurs sciences, qui sait se nourrir d’autres disciplines telles que l’économie, la sociologie, la psychologie, etc.… Les travaux de Damien Richard puisent assez largement dans la psychologie du travail, la sociologie des organisations et à la psychosociologie appliquée au management.

L’intérêt est de fournir une compréhension du Bien-Être au Travail (BET) et de ses processus de construction dans une perspective de gestion des Ressources Humaines et de management durable des organisations.

Après une description conceptuelle du BET, l’auteur s’interroge sur l’importance des espaces de discussion comme facteur de santé et de BET et étudie les conditions d’émergence et de maintien de ces espaces. Puis, il formule des propositions quant aux effets de ces espaces sur le BET et l’efficacité des organisations.

Le management de bien-être à travers les espaces de discussion. 

« La première preuve d’existence d’un individu c’est d’occuper l’espace »,

Le Corbusier.

Caractériser le concept de discussion et expliciter en quoi il peut être facteur du BET est ce que l’auteur nous propose d’aborder dans cette partie.

En retenant comme définition de l’espace de discussion : « un levier de confrontation des subjectivités et de déploiement d’un pouvoir d’agir dans le travail »,  ces espaces de discussion participent à une re-professionnalisation du travail au sein de nouvelles formes d’organisations privilégiant la coopération et contribuant à la préservation des ressources du collectif de travail et donc du BET.

Les espaces de discussions contribuent à ré-humaniser le fonctionnement des organisations et redonnent toute leur place aux individus qui peuvent réarticuler, rationaliser et exprimer leur ressenti autour des questions du travail.

L’auteur nous rappelle la loi proxémique dont l’hypothèse est que l’individu au travail a besoin d’exister au sein d’un collectif, d’une équipe qui se trouve proche de lui.

Les travaux de l’ANACT (Agence Nationale d’Amélioration des Conditions de Travail) sur « le management au travail » à travers les espaces de discussion et les groupes d’analyse de la pratique proposent une typologie des espaces de discussion issue de leur démarche d’amélioration des conditions de travail et de prévention des RPS (Risques PsychoSociaux) auprès de milles organisations :

Différents niveaux d’espaces de discussion collectifs institutionnalisés

L’institutionnalisation et l’articulation de ces espaces de discussion fait que ceux-ci deviennent non seulement une modalité d’intervention dans un projet de prévention des RPS mais également un outil de gestion et une pratique de management.

De plus, l’auteur propose d’aborder les espaces de discussion en tant que lieu de prise en charge collective des tensions provoquées par la montée des contraintes dans les organisations comme levier pour promouvoir la santé et le BET.

Lever les tensions perçues par les salarié.e.s suppose l’existence d’espaces au sein desquels ces contradictions s’expriment, se discutent et se dépassent.

Il est à noter que les interventions du management extérieur à cette « coquille » de l’espace de discussion peuvent être perçues par les individus comme des intrusions.

La gestion et le maintien des espaces de discussion au travail apparaissent donc comme un facteur de préservation et de développement du bien-être des acteurs et des actrices de l’entreprise.

Les trois conditions d’émergence et de maintien de ces espaces qui tiennent un rôle dans la préservation du BET sont la proximité (physique et/ou fonctionnelle), la confiance (dans les intentions et le fait de s’engager dans un espace ouvert et sincère) et le temps (prendre le temps de tisser ou retisser du lien social au travail).

Les effets des espaces de discussion sur le bien-être et l’efficacité au travail.

L’intérêt des espaces de discussion est qu’ils constituent une zone intermédiaire qui créée un espace de rencontre et d’ouverture où les individus peuvent partager et contribuer à enrichir ce « bagage commun » constitué par les bonnes pratiques professionnelles, les règles de métier, etc. Cet espace est salutogénique (allier bien-être et performance durable)dans la mesure où il pose un cadre protecteur qui permet de libérer une parole sincère sur l’expérience et les enjeux de travail.

A noter que les individus ont parfois besoin d’un tiers de confiance qui joue le rôle de  «facilitateur.trice», garant des intérêts de chacune des parties prenantes et proposant un «cadre de sécurité » pour mener à bien la discussion.

Les modalités d’un management du BET

Modèle heuristique du bien-être au travail

Si notre cerveau est accaparé par les outils numériques quel peut être la place des espaces de discussion aussi important, comme le démontre Damien Richard, pour le Bien-Être au Travail et l’efficacité de nos organisations ?

Des propositions de solutions et des pistes de discussions pour être plus concentré et plus disponible sont proposées par le réseau ADERE